DOSSIER FOOT : L’EUROPE, POUR QUI ET POURQUOI ?

« Il vaut mieux finir 4ème ». Tels sont les mots de Christophe Galtier, entraineur de l’A.S. Saint-Étienne, lorsqu’il évoque la fin du Championnat de France de Ligue 1. Un cas isolé ? Certainement pas. Rolland « Coach » Courbis, entraineur du Montpellier Hérault Sport Club, questionné au sujet de la Coupe d’Europe : “il me semble que ce serait trop tôt pour nous”. Alors, la Coupe d’Europe, qui veut vraiment la jouer ?

 

Pour rappel, le nombre de places européennes cette année en Ligue 1 se porte au nombre de 4. Le club qui terminera remportera le Championnat de France, ainsi que son dauphin, seront directement qualifiés pour les phases de groupe de la prestigieuse Ligue Des Champions : une compétition jouée à fond pour les clubs engagés. La 3ème place promet les phases de groupe de cette même compétition au club qui aura passé les deux tours préliminaires (4 matchs, aller-retour) durant l’été. On vous passe l’histoire des têtes de série et compagnie pour savoir quels clubs européens pourrait rencontrer le 3ème de Ligue 1. On ne va pas enterrer les clubs français trop tôt dans l’article. Quoiqu’il en soit, le club qui terminera la saison sur la dernière marche du podium devra passer au moins le premier tour préliminaire pour être au moins reversé en phase de groupe de l’Europa League — ça s’appelle toujours comme ça ? — avec le 4ème de Ligue 1. Le nombre de places européennes attribuées aux championnats de notre continent est calculé grâce au coefficient UEFA, qui varient en fonction des résultats européens de chaque pays sur les 5 dernières années. Un savant calcul un peu compliqué pour nos ami footballeurs ; quoique, ne sous-estimez pas les 9 de l’Équipe De France du dernier Mondial à avoir obtenu leur baccalauréat. En France, deux places pour les tours préliminaires sont également réservées pour les vainqueurs de la Coupe De France et de la Coupe De la Ligue. Cette année, le Paris Saint-Germain, qui sera champion de France d’ici la fin du mois, a remporté la Coupe De la Ligue face au Sporting Club de Bastia. Seulement voilà, le club de la capitale sera déjà qualifié pour la Champions League (Ligue Des champions). Une victoire qui a donc libéré la 5ème place de Ligue 1, qui sera également qualificative pour l’Europa League après un tour préliminaire. On rappelle que le PSG jouera une deuxième finale de coupe nationale face à l’AJ Auxerre, et que, malgré une issue totalement indécise pour cette partie, la 6ème place de Ligue 1 pourrait aussi être qualificative pour l’Europa League ! On dit merci qui ?

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Classement de L1 au soir de la 34ème journée.

http://sport.lemonde.fr/football/ligue-1/classement.html

L’Europe, un budget

 

Pourtant, à en croire les récentes déclarations de certains entraineurs de Ligue 1, l’Europe, c’est comme un menu Mc Donald’s. C’est bon, mais dur à en venir à bout. Si bien que certains ne consomment que leur boisson… quand ils n’ont pas oublié la paille. Et pourtant, ils en auront envie dès la semaine prochaine. Plus sérieusement, la Coupe d’Europe, c’est un budget énorme pour certains clubs, et ce dès la fin de la saison précédent la campagne européenne. Les joueurs réclament des primes qu’on leur a promis — ou pas — et des revalorisations salariales. Après, comme on a pu le voir cette saison, il suffirait de choisir sa nationalité sportive pour réclamer une revalorisation salariale. Et là, vous vous dîtes que vous avez raté quelque chose : demander plus d’argent de poche à vos parents lorsque vous leur avez annoncé que quand vous vous lèverez le dimanche matin pour aller jouer sans arbitre officiel — et oui, c’est Bébère qui arbitre avec 3 grammes et qui siffle les hors jeux sur une touche —, vous vous lèverez pour la France (ou pour un autre pays, de toute façon vous n’aviez pas d’argent de poche). Du coup, les clubs consomment une partie de leur budget dans les primes. Rassurez-vous, les qualifiés reçoivent de l’argent qui servira pour le salaire et le recrutement, si recrutement il y a. L’avantage d’une qualification, c’est que sur le CV d’un club, c’est quelque chose qui retient l’attention du joueur approché et son agent. Le marseillais André Ayew a par exemple déclaré qu’il rejoindrait la Roma si le club de la louve se qualifie pour la Ligue Des Champions. Comment l’OM pourrait-il le retenir, alors que le club français champion d’automne lutte pour son maintien dans l’élite ?

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Reprise de volée signée André Ayew (n°10) lors du match OM-PSG (2-3), le 5 avril 2015.

www.mercato.eurosport.fr/

L’Europe, un rêve

 

Si l’Europe ne convient pas à tout le monde, elle fait au moins rêver les supporters, et ce à tous les âges. Chaque journée de Ligue Des Champions sature les sites de streaming, et les sites de rencontres coquines sont envahis par les internautes ayant malencontreusement cliqué sur la fausse croix rouge en haut à droite de la pub pour se débarrasser de la couguar dénudée qui s’affiche sur la pelouse. Le public est conscient que son impact est réel lors des matchs à domicile. On se souvient d’un Monaco-Lens lors duquel le parcage Lensois comptait plus de supporters que le reste de Louis II, mais ce même Louis II affichait complet lors de la réception de la Juve de Pirlo (0-0) le mois dernier.

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Entrée des joueurs pour AS Monaco – Juventus Turin (0-0), le 22 avril 2015.

www.asmonaco.fr

A l’approche de la fin de saison, la tension monte d’un cran dans les stades. Les théories aberrantes, les calculs de points conjugués à ceux des différences de buts fleurissement avant le début de chaque journée de Liguain.

L’Europe, une réalité

 

Dans le cas de Saint-Étienne, puisqu’on évoquait Christophe Galtier, on s’attendait à voir la capitale du football aller loin en Europa League. L’année précédente, le club du Forez s’était effondré (4-3, 0-1) face aux Danois d’Esbjerg — prononcez la langue collée au palais. Il fallait se racheter cette année, chose faite puisque dès le 28 août avec la qualification pour les phases de groupe au dépend des Turcs de Karabükspor (1-0, 1-0 (4-3 tab)). Mais avancer dans la compétition sans gagner, c’est compliqué. Mais toujours moins compliqué que de gagner sans marquer.

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La déception Joshua Guilavogui, lors d’Esbjerg-Saint-Étienne (4-3), le 22 août 2013.

www.madeinfoot.com

Il en va de même pour sa banlieue, Lyon, ridiculement éliminée en tour préliminaire par les Roumains du FC Astra de Giurgiu (1-0, 1-2). Deux clubs qui nous on déçu sur la scène européenne (non, amis Lillois, on ne vous a pas oublié). A l’inverse, l’En Avant de Guingamp a joué sa chance à fond, s’attirant les louanges des français avec l’apparition sur Twitter du hashtag « #NousSommesTousDesGuingampais ». Soit dit en passant, le groupe annoncé si faible de l’A.S. Saint-Étienne a vu sortir les Ukrainiens de Dnipropetrovsk — celui-là, n’essayez pas de le prononcer — et ce club est plus que jamais en course dans la compétition, qualifié pour les demies-finales (le 7 mai face à Naples, match retour le 14 du même mois).

Questions pour une Coupe d’Europe

Alors qu’empêche Saint-Étienne de jouer la fin de championnat à fond ? D’espérer ce qualifier pour la Ligue Des Champions, de tout donner au premier tour préliminaire pour être certain d’au moins jouer une compétition européenne autre que le World Poker Tour les jeudis soirs ? Et qu’empêche Montpellier de tenter de se qualifier pour l’Europa League ? Quand on fait venir Lucas Barrios, on lui précise que l’objectif du club c’est de finir entre la 5 et la 10ème place de Ligue 1 ?

Sans titre

Lucas Ramon Barrios lors de son arrivée au MHSC à l’été 2014.

www.mlactu.fr

Alors oui, l’Europe, ça coûte. De l’argent, des forces physiques : Guingamp aura joué une cinquantaine de matchs cette saison. Alors voilà l’objectif d’un bon nombre de club de Ligue 1 : se qualifier pour l’Europa League, qui sera jouée comme une compétition secondaire, la priorité étant le championnat. Parce qu’en championnat, il faudra arriver dans les quatre premiers pour se qualifier pour… l’Europa League. Mais dans ce cas, j’aimerais bien savoir ce que disent les coachs de Ligue 1 à leurs joueurs le samedi soir à 19h55 pour les motiver.

Charles Perrier, 1er mai 2015 pour Parlons Sports

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