Interview : Yann Roubert (LOU) “Sur le papier, nous avons tout pour réussir”

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Lors d’un trajet professionnel, le président du LOU, Yann Roubert, nous a fait l’honneur de prendre un peu de son temps pour faire le point sur la saison de son équipe, des attentes qu’il a pour la saison à venir. Enfin, il nous a évoqué la situation morose du XV de France.

Tout d’abord, question très directe : A la vue du recrutement opéré par vous et votre staff, quels sont les objectifs pour la saison à venir ?

Alors, c’est compliqué d’avoir un objectif précis quand on voit la densité du top 14 cette année, mais c’est bien évidemment d’abord le maintien. Après pourquoi pas faire mieux que la saison dernière, les recrues sont censées apporter cette plus-value qui nous fera progresser.  Les phases finales ? On a le droit d’en rêver. Rien n’est interdit. C’est le propre du sport. Nous sommes capables de tout, on l’a prouvé cette saison, mais attention à l’égarement, nous nous devons de garder les pieds sur terre, parce que si nous nous sommes renforcés, les autres équipes ne nous ont pas attendu pour en faire autant. Une chose est sûre, il y aura du monde sur la ligne de départ !

Au niveau Mercato, Quel a été votre souhait ?

Le marché des mutations s’est clôt le 15 juin dernier. On compte 14 recrues et très peu de départs, le dernier en date est Liam Gil. Nous enregistrons 9 venues JIFF car nous avions besoin de « franciser » notre effectif. On a essayé de trouver le bon mix entre jeunesse et expérience, français et étrangers. Sur le papier, nous avons tout pour réussir. C’est maintenant à l’équipe de rendre cela effectif sur le terrain.

Le maintien signe une grande première dans l’ère moderne du club, c’est la première fois que vous vous maintenez et que le club ne fait pas le fameux « yoyo ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est effectivement la première fois de notre récente histoire. Il faut cependant rappeler que notre club existe depuis plus de 120 ans et a été champion de France en 1932 et 1933. Tout l’enjeu, c’est d’écrire l’histoire moderne de ce club. A force de travail, on a eu le bonheur de connaître le maintien, cela valide clairement un premier pallier. C’était l’essentiel pour pouvoir continuer notre progression en franchissant d’autres caps. L’idée étant de ramener le club au plus haut niveau, sans pour autant griller les étapes.

Ce renouveau passe aussi par un changement de stade, le LOU passe de Vénissieux à Gerland. Comment avez-vous vécu ce grand moment de la saison ?

On se disait en début de saison 2016/2017 que cette dernière allait être charnière. D’abord parce qu’on fêtait nos 120 ans et ce n’est pas rien, c’est la preuve d’une institution pérenne. D’autre part, il y a eu le titre de champion de France de Pro D2 qui a enclenché une dynamique de victoires qui devait permettre d’aller chercher ce premier maintien. Enfin, ce déménagement à Gerland est historique car on va y s’installer pour au moins 60 ans. Nous avons donc été ravis d’avoir réussi ce changement en cours de saison. Avec des joueurs surmotivés et un public qui a magnifiquement répondu présent, c’est une grande fierté. Le premier match s’est déroulé dans un climat particulier puisque c’était en Challenge Cup contre Grenoble, il n’y avait plus d’enjeu… Puis il y a eu ce match rocambolesque face au Racing où nous gagnons avec le bonus offensif. Tout fût réuni pour ce match de Top 14 inaugural. En gagnant nos 7 premiers matchs, on a pu voir que les lyonnais, attachés à ce stade, répondaient massivement présents. C’est aussi un retour aux sources pour le LOU Rugby puisque l’association a longtemps joué à la plaine des Jeux de Gerland. Au début de la saison, au Matmut Stadium de Vénissieux on était à environ 10 000 personnes puis on est passé à plus de 15 000 au Matmut de Gerland avec une pointe à 21 000 pour le dernier match contre Clermont. Sans compter que le meilleur reste à venir car nous finissons le stade. On aura une des plus belles enceintes du championnat pour jouer au rugby. Charge à nous d’être bons pour en être digne pour que le public soit toujours aussi nombreux. Ce qui nous anime c’est bien évidemment de voir une équipe rouge et noire gagner et faire frissonner le Matmut Stadium de Gerland !

Une de vos grandes réussites a été d’avoir su implanter le rugby dans une ville à tradition plus «footeuse».

Oui, c’est aussi un long chemin mais on voyait qu’il y avait des braises pour le rugby à Lyon. Encore une fois, le rugby est à Lyon depuis fort longtemps. Dans un rayon d’une heure, il y a une centaine de clubs et 60 000 licenciés. La matière première est donc bien présente, il y a une réelle passion. Maintenant, il faut souffler sur ces braises pour que cela s’embrase. Faire grandir le rugby dans Lyon tout en faisant grandir Lyon dans le rugby.

Parlons un peu de l’équipe de France et de ses maux. Les règles mises en place dans le rugby national font parfois parler notamment la règle des JIFF (Joueur Issu des Filières de Formation). Qu’en pensez-vous ?

Une chose est sûre : il faut préserver l’équipe de France. C’est dans l’intérêt de tout le rugby français, que ce soit pour les clubs ou pour le rugby amateur. Elle est la première vitrine du rugby en France et on a besoin d’une équipe de France forte. Après les JIFF, c’est la formule qu’a trouvé la ligue pour essayer d’imposer des quotas de joueurs français, bien que, depuis l’arrêt Bosman, il est impossible d’avoir une préférence française. Il y a quelques effets pervers comme faire monter les «prix» ou salaires des joueurs français. On nous présente des joueurs qui sont d’abord français avant d’être bons, alors c’est momentané aussi car quand les équipes auront atteint le quota, cette situation se régularisera. Concernant les joueurs sélectionnables, au bout d’un certain temps passé en France, si c’est légal et que cela profite à l’équipe de France, pourquoi pas.

Alors que l’équipe de France est au plus mal il faut impérativement que la FFR et la LNR puissent cohabiter et puissent faire que le top 14 et l’EDF aient un niveau équivalent. Surtout quand on voit que le niveau avec les autres nations se creusent de plus en plus. Que suggérez-vous ?

La LNR est dans une posture de totale coopération. Elle a su construire si ce n’est le meilleur championnat, celui qui attire le plus de spectateurs et téléspectateurs, les plus grands noms du rugby. Dans cette ligue, il y a des personnes qui ont construit les meilleures équipes du monde. Il faut aussi que la FFR soit à l’écoute de ces personnes-là, qui ont proposé des solutions comme une mise à disposition des internationaux prises en charge par les clubs. Les présidents veulent aider, il faut se servir de leurs expériences, être dans une position dogmatique comme avec les contrats fédéraux, ce n’est pas la solution. Rien ne sert de se jeter la balle et de dire «c’est la faute des étrangers, de la ligue ou de la fédé». Il faut la fermer quand on ne gagne pas, bosser pour trouver les systèmes de jeu qui fonctionnent. Les joueurs sont là, le talent est là, ils seront mis à disposition, il n’y a plus d’excuses pour que cette équipe de France ne gagne plus.

Enfin, question plus personnelle, que retenez-vous de cette aventure présidentielle, et vous voyez-vous président pour encore de longues années ?

C’est un métier passionnant, quand on aime le sport, c’est fantastique. Le fait de ne plus être sur le terrain, même si mon terrain c’était la voile ou la montagne et non le rugby, il y a obligatoirement un transfert qui s’effectue. Cela m’a permis de vivre des moments magiques comme les deux titres de champions de France de Pro D2. Il y a aussi eu des moments très difficiles, des défaites frustrantes. Un incessant ascenseur émotionnel qui permet de vivre des moments extraordinaires. Alors en ce qui concerne mon avenir, cela dépendra des actionnaires et des propriétaires mais tant que j’ai leur confiance je suis ravi d’être là et ferai tout pour amener le LOU au plus haut !

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