Anouck Jaubert, fin de carrière olympique

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L’escaladeuse native de Saint-Etienne âgée de 27 ans a disputé cet été sa dernière compétition lors des Jeux Olympiques de Tokyo. La fin d’une carrière énorme conclue par une sixième place glanée lors de la plus grande compétition de l’histoire.

 

Anouck, on vous a laissée à la sixième place lors des Jeux. Comment réagissez-vous avec un peu de recul ?

“Je suis hyper satisfaite de mes Jeux Olympiques. C’est vrai qu’au départ je visais une médaille mais j’ai tout mis en place pour y parvenir. A l’entraînement, on a travaillé pour tenter d’y arriver. Sur tous les plans, physique ou technique, j’ai pu répondre présent. Après, je suis contente aujourd’hui avec un peu de recul même si je sais que je suis passée à rien de la médaille. Je n’ai aucun regret.”

 

On pouvait lire sur votre visage la déception après la finale…

“C’est sûr qu’au moment où je termine la compétition, je n’avais vu aucune vidéo. Je ne pensais à ce moment-là qu’à mon erreur sur le duel final en vitesse qui m’a coûté la victoire et certainement la médaille. Dans ma tête, peut-être que je pensais que sans cette erreur j’aurais été sur le podium. Quand j’ai eu le retour vidéo, j’aurais sans doute terminé quand même deuxième, la polonaise était plus forte. J’ai quand même le regret de ne pas avoir pu battre mon record personnel pendant cette finale. Après, la frustration est vite descendue…”

 

Globalement, comment s’est passée l’aventure à Tokyo ?

“C’était une super expérience pour moi. Nous savions que c’était des Jeux un peu particuliers à cause du COVID. Nous ne pouvions pas aller voir les autres disciplines par exemple. Mais l’ambiance olympique est quelque chose d’exceptionnel. Mes trois semaines passées au Japon ont été géniales. La première s’est passée avec le staff et les grimpeurs et nous ne sommes arrivés à Tokyo que la deuxième semaine. Nous étions au village olympique avec tous les athlètes, ce qui fait beaucoup de monde. C’était impressionnant mais nous nous sommes vite habitués”.

 

L’escalade a fait son entrée aux Jeux à Tokyo, avez-vous senti un engouement autour de la découverte de la discipline ?

“D’une manière globale sur la compétition j’ai reçu beaucoup de soutien. J’ai senti que c’était plus fort que d’habitude, par rapport aux autres compétitions qu’on peut faire pendant l’année. Il y a eu beaucoup de messages d’encouragement, plein de retours positifs sur la discipline. Je pense que l’escalade a plu. Le format était un peu particulier avec les trois disciplines regroupées (vitesse, difficulté et bloc). Il n’y avait qu’une médaille de mise à disposition par le CIO mais cela va changer à Paris en 2024 avec la séparation des épreuves.”

 

Vous avez annoncé vouloir arrêter votre carrière cette année, est-ce toujours d’actualité ?

“Je vous le confirme, oui. Depuis que je suis rentrée de Tokyo, je suis en retraite sportive. Je veux finir mes études pour devenir kiné. En plus de cela, je souhaite passer plus de temps avec mes proches et être libre de pratiquer d’autres activités.”

 

N’avez-vous pas été tentée de poursuivre jusqu’à Paris 2024 ?

“Honnêtement, non. Je suis très satisfaite de mes années dans le sport de haut niveau et ce n’est pas grave si je n’ai pas de médaille olympique. Cela ne va pas changer ma vie. Je veux juste passer à autre chose.”

 

La préparation pour ces Jeux Olympiques a été compliquée pour vous, ce long chemin parcouru vous a usée ?

“C’est certain que depuis le début de cette aventure olympique, il y a eu énormément de rebondissements. C’est aussi ça qui a fait que c’était palpitant. Entre la qualification, le report, ma blessure, ça n’a pas été simple mais je suis très fière que la compétition à Tokyo se soit bien passée. Je suis allée au bout.”

 

Quel regard portez-vous sur votre carrière, qui est l’une des plus belles de l’histoire de l’escalade française ?

“Je le dis souvent, depuis que j’ai commencé l’escalade pour moi c’était un loisir. J’en fait parce que ça me plaît. J’ai eu de la chance puisque ça a bien marché et je suis fière de mon parcours. Je ne me pose pas de question.”

 

Comment est venue chez vous l’envie de faire de l’escalade ?

“Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé faire beaucoup de sport. J’ai connu l’escalade avec l’UNSS et avec le club d’Escapilade à Saint-Etienne où je suis toujours aujourd’hui. Une fois partie, j’ai toujours aimé les défis et la compétition.”

 

La suite, pour vous, les études et le début d’une nouvelle vie ?

“Je suis en école de kiné sur Grenoble. Cela fait trois ans qu’il me reste ma dernière année à passer (rires). J’avais quasiment tout stoppé avec le report des Jeux Olympiques. J’ai encore connu une année très légère au niveau des études avec l’escalade. Je suis prête en septembre à conclure avec une année complète à l’école.”

 

Continuerez-vous à promouvoir l’escalade ?

“Ce qui est sûr, c’est que je vais continuer à grimper pour le plaisir. J’ai des amis qui aiment cela. Ensuite, je vais continuer de faire d’autres sports comme du volleyball ou du badminton.”

 

Les Jeux ont certainement fait envie à des jeunes, que leur diriez-vous pour les inciter à faire de l’escalade ? 

“Je pense qu’il n’y a pas besoin de les convaincre. Ils vont essayer eux-mêmes et se rendre compte que c’est génial ! En termes de sensation, c’est incroyable. Se déplacer avec son corps sur le mûr, c’est quelque chose de spécial. En plus, on peut pratiquer à tout âge. C’est aussi idéal pour rencontrer du monde. Ce que j’aime dans ce sport, c’est qu’il faut être prêt physiquement et techniquement. C’est complet.”

 

Vous êtes stéphanoise, quel impact a eu le club d’Escapilade dans votre parcours ?

“Ils m’ont suivie de A à Z et le club m’a fait découvrir l’activité au début de ma carrière. Les personnes du club m’ont soutenue pendant tout mon parcours, de près ou de loin. J’ai toujours senti qu’ils étaient derrière moi. C’était génial. Outre Escapilade, je sens qu’il y a eu un vrai soutien de la part des Stéphanois.”

 

Photo : Johan Méallier & Jean-Luc Rigaud

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