Débat F1 : La Scuderia Ferrari est-elle revenue au top de la discipline ? (1/2)

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C’est actuellement la trêve estivale pour les écuries de Formule 1, une période de quinze jours ou tout développements, est interdit. Réglementairement, la FIA contrôle que chaque mails professionnels, chaque ordinateur soit arrêté. Cependant, si les ingénieurs et mécaniciens sont en vacances, Parlons Sports ne fait pas de pause. Et sous forme d’une confrontation de points de vues, nous continuerons à décortiquer l’actualité de la F1. Entre l’arrivée de Daniel Ricciardo chez Renault, le rachat de Force India par Lawrence Stroll, milliardaire Canadien qui a fait fortune avec l’importation au Canada de Ralph Lauren, l’avenir d’Alonso… les sujets de débats ne manquent pas.


 

Première étape, Ferrari. Si Mercedes a gagné les quatre derniers titres pilotes et constructeurs, la Scuderia Ferrari n’a jamais semblé aussi proche de renouer avec la victoire qui la fuit depuis 2008.

Sebastian Vettel a-t-il le bon profil pour réussir à ramener le titre à Maranello ? 

Amaury Maisonhaute : Sébastian Vettel est l’un des pilotes les plus complets du plateau 2018. Il a déjà démontré ses qualités par le passé. Quadruple champion du monde avec Red-Bull, l’allemand a parfois été critiqué d’avoir aucunes monoplaces concurrentes. En 2015 le challenge Ferrari était incontournable pour lui, le seul moyen de faire taire les critiques. Empocher le titre mondial avec la Scuderia Ferrari le ferait entrer dans le clan fermé des champions du monde avec deux écuries différentes. Sa rage de vaincre fait de lui un pilote rapide et constant sous quelconques conditions de courses. Vettel n’a plus a prouver sa vitesse mais quelque chose manque à son palmarès : Le prestigieux titre pilote avec la mythique écurie Ferrari.

Si on raisonne sur cette saison, Sébastian Vettel a clairement le profil pour ramener le titre à Ferrari. Un trophée que n’a plus décroché la firme italienne depuis 2007 avec… Kimi Raikkonen, son équipier actuel. Cette année semblait la bonne mais la Scuderia a laissé échapper trop de points. La rapidité de la monoplace ne suffit pas pour l’emporter. Trop d’erreurs apparaissent chaque saison notamment le désastre au départ du Grand Prix de Singapour en 2017 qui les avaient conduit dans une spirale négative. Cette saison encore, l’accrochage en France, puis l’erreur de trop s’est déroulée en Allemagne, à domicile. Alors leader de la course, Vettel en veut toujours plus et ce vilain défaut lui a joué des tours.. Inacceptable quand à quelques tours de l’arrivée (sous des conditions délicates certes), l’allemand menait avec une dizaine de secondes et se crash dans le stadium et inflige un 25-0 en faveur de son rival. Cette course fut le tournant du championnat et le relègue à 24 points à la trêve estivale. L’allemand a déjà grillé tous ses jokers cette saison, il n’a plus le droit à l’erreur. Pour être champion, il faut réaliser une saison quasiment à la perfection et Vettel doit redresser le tir.

Attention toutefois à ne pas trop s’attirer les foudres de la presse italienne, on connait l’impact de cette dernière sur la Scuderia Ferrari et elle a plutôt tendance à se déchaîner sur l’allemand. Quant à contrario, son équipier semble apprécié malgré des résultats moindres. La presse italienne craint que l’excès d’optimisme de Vettel ne compromette la saison de Ferrari. Il ne faudrait pas que cela sème le chaos dans le clan des rouges.

Sans raisonner sur la saison, Vettel reste et restera pour les prochaines saisons un profil taillé pour le titre mais son équipier Kimi Raikkonen pourrait bien, en cas de prolongation, se mêler à la lutte. Rapide en début de saison, le finlandais a d’abord impressionné en Australie avant que son habituelle malchance intervienne dès la première manche. Iceman a prouvé qu’à 38 ans la vitesse était là, mais ses difficultés à se qualifier devant son équipier le pénalise trop. Les perturbations aérodynamiques des monoplaces complexifiant les dépassements et le fait de s’élancer derrière son équipier l’a effacé petit à petit. Toutefois, avec le changement de réglementation l’année prochaine concernant les ailerons avant, les monoplaces devraient pouvoir se suivre plus facilement, facilitant davantage les dépassements au plus grand bonheur de Kimi Raikkonen. Souvent bridé suite à son statut non officiel de numéro 2 ces trois dernières années, le finlandais aurait intérêt à imposer sa loi dès le début de saison à l’avenir. Affaires à suivre…

Nicolas Martinet : Je resterais plus mesuré sur les capacités de Sebastian Vettel a remporter le titre avec Ferrari. Il ne fait aucun doute qu’il est très rapide, son score de 55 pole positions en atteste. Il sait contrôler une course, faire un peu comme un certain Michael Schumacher à son époque, c’est-à-dire partir en pole position, imposer un rythme d’enfer dès les premiers tours de course et ne plus être rejoint pour s’imposer. Il l’a très bien fait avec Red Bull. C’est d’ailleurs à ce moment que le petit nom “Baby Schumi” est arrivé. Cependant, avec Ferrari, il ne part plus aussi souvent de la pole position, tout du moins, il ne part plus systématiquement devant ses plus proches rivaux comme c’était le cas avec Red Bull et c’est là que sa faiblesse a émergé ; sa psyché.

Vettel est infiniment, passionné, fan de l’histoire de son sport mais cela lui pose des problèmes de nervosité. Il commet des erreurs lorsqu’il ne contrôle pas la course, qu’il est dans le peloton où que sa voiture est moins bonne.

On peut recenser quelques fautes, qui sont selon moi, inexcusables, surtout lorsque que l’on est quadruple champion du monde. Au Grand-Prix du Mexique 2016, il a littéralement perdu les pédales en insultant Charlie Withing, le directeur de course de la FIA. Il se plaignait de l’attitude de Max Verstappen sur la Red Bull qui défendait trop agressivement sa position et qui n’a jamais été placé sous enquête pour ces agissements. Il a hurlé dans sa radio des insultes inadmissibles. Celles-ci ont de fait été rendues publiques par la réalisation télévisée internationale. Il s’en était sorti sans aucune pénalité en rédigeant une lettre d’excuses à Jean Todt, président de la FIA. L’année 2016 avait bien commencé et Ferrari s’était finalement effondrée. Vettel a craqué une première fois.

Rebelotte au Grand Prix d’Azerbaïdjan 2017. Sous voiture de sécurité, alors qu’Hamilton était leader et a freiné en sortie de virage, Vettel a été surpris, a percuté l’arrière de la Mercedes, s’est porté à sa hauteur et en voulant signifier son mécontentement, a donné un coup de roue qui a été pénalisé par la direction de course, le reléguant dans le peloton. Encore une fois, il s’était excusé devant les instances de la FIA à Paris. Enfin, il y a cette erreur la même année au Grand Prix de Singapour. Parti en pole position, Hamilton 5ème, il a raté son départ sous la pluie et voyant Verstappen prendre un meilleur envol, a fermé la porte. Raikkonen était au milieu, les trois voitures se sont accrochées et ont été contraintes à l’abandon. Vettel ne pouvait pas perdre cette course et pourtant, c’est Hamilton, en difficulté sur ce circuit qui a raflé la mise.

Lutter pour un championnat du monde est vecteur de pression. Celle-ci est décuplée quant on pilote pour Ferrari qui n’a plus gagné depuis plus de 10 ans. Si on ajoute la sortie de piste en Allemagne cette année… Vettel a toujours perdu de nombreux points par sa propre faute. Il faut tout mettre bout à bout pour gagner le titre. Gagner des courses, savoir prendre les points… Vettel est trop perfectionniste et cela lui coute cher. Une quatrième année sans titre alors que la Ferrari est au niveau serait très lourde à porter auprès des tifosi.

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