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Marc-Antoine Pellin : “On me parle toujours de l’épopée de 2007”

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Photos : Olivier Fusy

Meneur de jeu titulaire lors de la saison 2006-2007, celle du sacre de la Chorale de Roanne en Pro A, Marc-Antoine Pellin a marqué l’histoire du club roannais. Un parcours hors du commun, jusqu’à l’Équipe de France, qui va se terminer prochainement pour une place sur le banc de touche.

Marco, on vous connaît en tant que joueur de basket, mais ce n’était pourtant pas votre sport de prédilection… 

M.P. : “C’est vrai, j’étais plutôt à fond dans le football quand j’étais plus jeune. Malheureusement pour moi, ma famille était à fond dans le basket. Ma mère s’occupait de tout, comme nettoyer les affaires ou encore nous amener au sport et en déplacement, c’était plus simple de me mettre au basket. Quand on est jeune, on est prêt à faire n’importe quel sport. Parfois, pour rigoler, je rappelle à ma mère à quel point j’aurais pu être un grand footballeur… (rires).”

 

Vous êtes arrivé à Roanne, du côté de la Chorale, en 2004. Comment cela s’est-il passé ?

M.P. : “J’étais du côté de l’INSEP à l’époque. La deuxième année là-bas ne s’est pas bien passée. Un article était sorti sur le fait que je m’étais endormi sur un banc. Ma mère a alors appelé le média pour faire un contre-article et rétablir la vérité. Quelques jours plus tard, l’INSEP m’appelle pour m’annoncer que je dois partir. Le tout, à trois semaines de la reprise… Plusieurs clubs m’ont alors contacté, Paris, Roanne et Le Havre. J’ai fait un essai à Paris mais je ne l’ai pas forcément apprécié. Après, je suis allé à Roanne où j’ai rencontré Raphaël Gaume. J’ai participé au Tournoi de Villerest notamment et cela s’est fait naturellement.”

 

En quelques années, vous passez meneur de jeu titulaire à 19 ans en Pro A. Comment avez-vous vécu cette ascension fulgurante ?

M.P. : “Il faut savoir que rien n’a été facile. Lors de ma première année à Roanne, je joue avec les espoirs et je n’ai que quelques minutes de jeu en professionnel. C’est normal pour un jeune joueur. La deuxième saison, je grapille du temps de jeu. Au fur et à mesure des entraînements, j’ai l’impression que je peux faire quelque chose. Je devais prouver que je pouvais faire partie de l’équation. Avant la saison 2006-2007, l’Américain recruté arrive en méforme. Je réalise une bonne pré-saison et j’ai du temps de jeu. Au départ, les dirigeants cherchaient un meneur titulaire. J’ai prouvé sur le parquet et ils ont trouvé un meneur remplaçant finalement.

 

Est-ce que vous étiez prêt au haut niveau à ce jeune âge ?

M.P. : “Il faut savoir que j’étais très mature à 19 ans. Je suis parti de chez moi très jeune à l’âge de 12 ans. Je n’avais pas d’autres objectifs que de m’imposer à ce niveau. J’ai fait une belle saison, notamment collective forcément avec les titres, mais j’ai aussi montré de belles choses.”

 

Quels souvenirs gardez-vous de ces six saisons passées à Roanne ?

M.P. : “Je n’ai que de très bons souvenirs à Roanne. Ce sont les années les plus sympathiques que j’ai vécues dans ma carrière. J’ai vraiment aimé cette ville où tout le monde se connaît. Partout, les gens ont été gentils et reconnaissants. Même quand je revenais voir ma femme qui jouait à Roanne, il y avait de la sympathie avec moi. Les gens, quand on parle de ma carrière, évoquent mon parcours à Roanne. Il faut dire que la France entière a été choquée de voir une équipe partie d’en bas gagner le titre de Champion de France…”

 

Racontez-nous vos souvenirs de cette fameuse nuit du 2 au 3 juin 2007 ?

M.P. : “Dès que l’on a terminé le match, nous sommes partis directement prendre le train pour rejoindre Roanne. À l’intérieur, je suis resté avec des personnes que je connaissais déjà. J’ai sympathisé pendant la saison avec des gens proches du club. Une fois arrivé dans le Roannais, c’était la folie. Il y avait énormément de monde à la gare et nous avons dû être escortés jusqu’au bus. Nous avons pris un minibus qui était à deux doigts de se retourner avec la pression des supporters. Nous sommes allés jusqu’à la place de l’Hôtel de Ville à Roanne où nous sommes montés en haut de la mairie. Ma famille était présente et fortement impressionnée par l’événement, tout comme moi.”

 

C’est un moment qui a marqué à vie les supporters roannais, vous vous en rendez compte maintenant ?

M.P. : “Je le vois bien oui. Je ne suis pas très loin de Roanne et souvent les gens restent là-dessus. On me parle toujours de l’épopée de 2007. Le jour où on a gagné le titre, je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. Pour moi, on avait juste gagné un match de plus. J’ai vu des coéquipiers pleurer. Moi, je ne pleure pas mais quand j’ai vu ma mère aussi heureuse, ça m’a beaucoup ému. Je me rends compte maintenant seulement qu’on a fait quelque chose d’incroyable.”

Quelles relations gardez-vous avec Jean-Denys Choulet ?

M.P. : “Avec Jean-Denys, ça s’est très bien passé. Forcément, il y a eu des bons et des moins bons moments. Je suis reconnaissant qu’il m’ait donné sa confiance en tant que premier meneur. Quand ça allait bien, c’est lui qui était derrière moi pour me pousser. Je regrette un peu l’impression que j’ai eue au moment de mon départ où je trouvais qu’il me lâchait. Il m’en a voulu pour certaines choses où je n’avais pas le choix parce qu’il comptait sur moi. Le temps apaise les choses. On s’est revu et tout va bien.”

 

Continuez-vous à suivre la Chorale de Roanne ?

M.P. : “Je dirais oui et non. Je suis attaché à ce club et quand ils sont descendus en Pro B, ça m’a fait mal. Aujourd’hui, je regarde ça avec plus de distance. C’est toujours intéressant de suivre les matchs et les joueurs. Je veux devenir entraîneur et je ne suis plus un acteur. Je ne veux pas interagir avec l’actualité de la Chorale de Roanne.

 

Est-ce que votre parcours de joueur peut forger votre future carrière d’entraîneur ?

M.P. : “Oui, ça va forcément jouer dans mon futur rôle. J’ai un niveau d’exigence qui est très élevé. A force d’avoir joué, d’avoir connu des clubs, je sais ce que je veux devenir et ce que je ne veux pas être. C’est aussi un travail sur moi-même. Le métier d’entraîneur n’est pas le même avec des jeunes qu’avec des professionnels. Je veux inculquer mes valeurs.”

 

Comment voyez-vous votre avenir en tant qu’entraîneur ?

M.P. : “Mon projet, c’est de transmettre tout ce que j’ai appris. En France, peu importe le niveau, il y a beaucoup de talent. On a des joueurs avec de vraies qualités athlétiques. De nombreux jeunes joueurs ne connaissent pas forcément bien le basket. Je veux leur expliquer comment jouer un basket plus intelligent. J’ai pas envie d’être la personne propulsée trop tôt au haut niveau. Pour moi, il y a autant d’honneur à gagner un titre en N3 qu’en Jeep Elite ou en Pro B. Je veux me former et faire mes gammes. Sur mon plan de carrière, l’idée c’est d’évoluer dans un premier temps sur un niveau intermédiaire. Après, je veux progresser petit à petit. La Jeep Elite est un objectif, mais pas à court terme.”

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