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Ronald March : “J’ai compris que ce que j’allais vivre ici à Roanne valait plus que de l’argent”

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L’enfant de Phoenix est devenu grand. A 29 ans, c’est désormais l’un des meilleurs du championnat de Betclic Elite avec la Chorale. Rencontre.

Ronald, revenons d’abord sur vos débuts au basket. Comme tout enfant, vous rêvez de NBA, mais tout ne se passe pas comme prévu…

R.M. : “C’est certain. Je pense que je n’ai pas pris les bonnes décisions quand j’étais plus jeune. Je ne me suis pas donné l’opportunité d’essayer d’aller jouer au haut niveau.”

Vous n’étiez pas un élève très studieux, pourquoi ?

R.M. : “Non, c’est vrai. Je voulais juste jouer au basket. Je n’ai pas compris à quel point l’école pouvait être importante. Je n’avais pas cette envie de me rendre en cours alors je jouais au basket et je n’allais pas beaucoup à l’école.”’

A tel point qu’en parallèle de votre cursus basket, vous devez trouver un boulot à côté ?

R.M. : “Oui, je n’ai pas trouvé de club donc il a fallu que je travaille. Donc j’ai trouvé un job dans un magasin de vêtements. Sans oublier mon rêve qui était d’un jour vivre du basket.”

Votre pays natal, les Etats-Unis, n’a pas voulu de vous dans le basket, donc vous partez en Inde. Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter votre pays ?

R.M. : “Je sais juste que si je n’étais pas parti je n’aurais pas eu le parcours que j’ai aujourd’hui. Je ne voulais pas abandonner l’idée de partir et j’ai saisi l’occasion de pouvoir signer en Inde. Pourtant, je n’aurais pas pu imaginer une seconde signer là-bas un jour.”

Comment avez-vous vécu cette expérience ?

R.M. : “C’est l’un de mes cousins, qui était entraîneur et qui travaillait avec un club indien. Il m’a proposé cette opportunité au moment où je n’avais rien. Quand je suis arrivé, j’ai été bien accueilli. Dans la Ligue, nous étions plusieurs joueurs américains. J’ai appris beaucoup sur moi-même pendant cette période et sur le monde en général. C’était une expérience enrichissante.”

Vous gagnez pour la première fois de l’argent pour jouer au basket alors que vous êtes dans un pays pauvre, c’est assez contradictoire ?

R.M. : “Il faut voir comme les gens là-bas sont différents des Américains. Ils m’ont beaucoup appris, notamment sur le fait d’être humble et d’apprécier ce que vous avez parce que tout le monde n’a pas les mêmes choses. J’ai vu la pauvreté au plus près, dans les logements notamment. Les leçons que j’ai pu apprendre en Inde sur la vie allaient bien au-delà du basket.”

Vous avez failli signer au Canada, pourquoi cela ne s’est pas fait ?

R.M. : “J’étais censé signer au Canada, et même dans l’une des meilleures équipes du pays. J’ai été coupé lors du dernier jour du camp d’entraînement à cause de choses que je ne pouvais pas contrôler. J’étais vraiment en colère, surtout que l’entraîneur de l’équipe m’aimait beaucoup. A tel point que c’est lui qui m’a envoyé jouer en Europe, au Luxembourg.”

Vous signez en D2 Luxembourgeoise et vous écrasez la concurrence, notamment sur le plan individuel ?

R.M. : “Le championnat n’était pas très bon. Mais c’était pour moi une bonne façon de voir comment les choses fonctionnent en Europe. J’ai commencé à vivre ici et à essayer de m’adapter.”

Vous scorez beaucoup avec votre club à ce moment-là, vous tournez à plus de 30 points de moyenne, preniez-vous du plaisir ?

R.M. : “J’étais sérieux dans ce que je faisais. Mais c’est vrai que je m’imaginais pouvoir jouer à un meilleur niveau et dans un championnat plus élevé. Il faut parfois faire des sacrifices pour arriver là où on veut aller. Je suis resté concentré jusqu’au bout au Luxembourg.”

Vous êtes ensuite allé en Suisse…

(Il coupe) R.M. : “C’est définitivement le pays que j’ai le plus adoré”

Pourquoi ?

R.M. : “Je ne sais pas comment l’expliquer. Les paysages sont magnifiques et tellement apaisants. Et puis les gens que j’ai rencontrés là-bas ont toujours été très gentils avec moi.”

Votre chemin s’arrête il y a trois ans à Roanne, comment s’est passée votre arrivée ici ?

R.M. : “C’est le coach qui m’a contacté et qui me voulait dans son équipe. Il y avait aussi Le Portel qui me voulait. J’ai une nouvelle fois dans ma vie fait le choix du sportif et non de l’argent. J’ai compris que ce que j’allais vivre ici valait plus que de l’argent.”

Qu’est-ce que vous aimez à Roanne ?

R.M. : “La Chorale a la chance d’avoir des fans comme je n’avais jamais vu avant. J’ai joué, quand j’étais jeune, dans des Universités avec du monde mais jamais devant un public aussi nombreux qu’à Roanne. C’est un privilège pour moi de pouvoir faire ce que j’aime ici et comme je le dis je considère les supporters de la Chorale comme les meilleurs du championnat.”

Vous êtes pourtant dans une ville qu’on peut considérer comme petite, ça n’a pas été un problème pour vous acclimater ici ?

R.M. : “Non, pas du tout. Je suis très à l’aise à Roanne et honnêtement tout se passe très bien. Je suis quelqu’un qui arrive à s’adapter de partout, comme j’ai pu le faire en Inde ou au Luxembourg.”

Vous êtes sélectionné pour le All-Star Game, signe d’une première partie de saison réussie ?

R.M. : “C’était énorme de pouvoir faire partie de cet événement sous les yeux de ma mère et de mes petits frères. Ils étaient déjà venus la saison dernière mais là, jouer à ce All-Star Game a été une surprise pour moi, je ne m’y attendais pas. Je ne me considère pas comme étant l’un des meilleurs joueurs du championnat. On a passé un bon moment à Paris, on a pu visiter. Tout était fou.”

Quels sont vos désirs pour la fin de la saison avec la Chorale ?

R.M. : “Je veux continuer à tout donner pour gagner. Je suis quelqu’un de joueur. Je souhaite aussi qu’on puisse se qualifier pour les playoffs, comme j’ai pu le dire depuis le début de la saison.”

Vous portez le numéro 4 à Roanne depuis 3 ans, pourquoi ?

R.M. : “Honnêtement, il n’y a pas de raison ! Je portais habituellement le numéro 5. Quand je suis arrivé, c’est Tom (ndlr : Thomas Ville) qui l’avait. Je n’allais pas venir et lui dire “Eh Tom, donne moi ton numéro !” (rires) Et puis j’ai porté le 4 pendant deux saisons quand j’étais plus jeune.”

Vous avez 29 ans, vous vivez votre rêve d’être basketteur professionnel. Que recherchez-vous pour la suite ?

R.M. : “Je veux simplement être le meilleur possible et atteindre le meilleur niveau que je peux avoir.”

Avez-vous des envies pour votre après-carrière ?

R.M. : “Oui. Je prévois de me lancer dans le cinéma. Pourquoi pas réaliser des films. Il y a toujours une possibilité de rester dans le basket en étant entraîneur par exemple mais j’ai vraiment envie de faire du cinéma après ma carrière.”

 

Photo : Charles Perrier

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