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Yvann Maçon : “Je ne voulais pas rester sur un échec”

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Eduqué “à l’Antillaise” comme il aime l’évoquer, Yvann Maçon est revenu chez les Verts avec un seul objectif : ramener le club en Ligue 1. Rencontre.

Première question toute simple Yvann, comment vous sentez-vous actuellement ?

Y.M. : “Je me sens très bien. Nous avons une équipe qui vit bien et c’est quelque chose qui aide vraiment. Je me sens au niveau que j’ai pu avoir auparavant et j’en suis très content.”

L’ASSE joue de nouveau le haut de tableau, on imagine que c’est un retour rêvé pour vous ?

Y.M. : “Au début, c’était un peu compliqué sur les deux premiers matchs mais on a réussi à rectifier le tir. Je pense qu’on a gagné en régularité au niveau collectif et moi-même sur le plan personnel.”

Quel a été le déclic selon vous ?

Y.M. : “Je pense que la victoire 5-0 contre Troyes a pu nous faire prendre conscience qu’on était capable de faire de bonnes choses. On a su enchaîner après.”

Vous avez vécu la descente et des galères, est-ce que c’est une force maintenant pour vous ?

Y.M. : “C’est une force en plus, oui forcément. Je pense que je ne profitais pas assez des bons moments parce qu’il y en a pas forcément souvent dans une carrière. Je ne me pose plus de question et j’essaye de relativiser maintenant sur beaucoup de choses. C’est ce qui fait la personne que je suis maintenant.”

Comment on profite justement dans une carrière ?

Y.M. “En ne pensant pas à après ! (rires). J’en parlais justement à ma famille récemment. J’ai fait une finale de Coupe de France avec l’ASSE et je ne réalise qu’aujourd’hui. Je n’ai pas assez profité de cette finale alors que c’était quelque chose d’extraordinaire de vivre ce moment.”

Dans votre carrière, vous avez chuté, vous vous êtes relevé. Comment avez-vous vécu toutes ces différentes étapes ?

Y.M. : “Je pense tout simplement que c’est ma personnalité. J’ai été éduqué et formaté comme ça. Quand on tombe, on se relève. Il faut rester fort dans sa tête et ne pas abandonner. Je ne voulais pas rester sur un échec et c’est aussi pour ça que je voulais revenir ici. Quand j’ai été prêté, j’avais lu que j’abandonnais le club après l’avoir fait descendre Ligue 2. C’est quelque chose qui m’avait fait du mal parce que dans ma vie je me suis toujours battu pour avoir les choses. C’est pour ça qu’aujourd’hui c’est encore plus important pour moi de faire remonter l’ASSE en Ligue 1.”

Vous vous blessez grièvement au genou alors que vous êtes en pleine forme et en pleine ascension. Qu’est-ce qui vous a motivé à continuer ?

Y.M : “C’est quelque chose qui m’a marqué psychologiquement. Mentalement, j’étais anéanti. J’ai découvert la Ligue 1, l’équipe de France espoir… Maintenant, c’est digéré. J’avance et cet épisode me montre que quand quelque chose de dur m’arrive, je sais me relever. Parfois, on veut que les choses se passent vite mais j’ai su être patient et c’est le cas maintenant, je suis plus réfléchi dans ce que je fais.”

On sent que vous prenez plus de recul sur les choses maintenant ?

Y.M. : “Oui, je le sens par exemple dans mes choix et ma manière d’aborder les matchs. En plus, l’épisode que j’ai vécu pendant mon prêt à Tel Aviv m’a beaucoup fait grandir. Je pense que j’ai gagné en maturité. Je comprends maintenant que les conseils qu’on me donnait avant n’étaient pas négatifs mais étaient là pour me faire avancer.”

Que diriez-vous au jeune homme de 15 ans que vous étiez et qui s’apprêtait à quitter la Guadeloupe pour tenter sa chance en Métropole ?

Y.M. : “Je lui dirais qu’il va falloir beaucoup travailler et faire face à beaucoup d’échecs. Qu’il ne faudra jamais qu’il arrête de croire en lui. Beaucoup de personnes pensent que c’est facile de devenir professionnel. Mais c’est surtout beaucoup de sacrifices sans forcément être accompagné dès le plus jeune âge. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux joueurs arrêtent avant d’être pro. J’ai toujours cru en moi, je savais que ce serait dur mais je ne pensais pas que ce le serait autant. J’ai quitté ma famille, je suis venu ici tout seul, c’était déchirant mais je me suis créé une sorte de protection. C’est avec tout ça que je suis devenu l’Yvann Maçon que je suis aujourd’hui.”

Est-ce qu’il y a des personnes qui ont été importantes pour vous ?

Y.M. : “Il y a toujours des gens importants dans un parcours. Notamment quand tu quittes ta famille. J’en ai plusieurs en tête et ils ont permis ma construction en tant qu’homme. Je leur en serai toujours reconnaissant. J’ai toujours eu l’objectif de devenir pro, mais j’ai dû surmonter des moments plus compliqués où j’ai pensé à arrêter le foot. Mon subconscient m’a dit de ne jamais lâcher (rires). Ma mère a aussi été très présente et on s’est aidés mutuellement tous les deux. Elle m’a toujours soutenu.”

Comment était le petit Yvann ?

Y.M. : “Ma mère et mon père m’ont donné une éducation très stricte et je les remercie aujourd’hui. J’ai toujours eu la crainte de mes parents, je ne voulais pas les décevoir. C’est une éducation à l’Antillaise (rires). C’était beaucoup axé sur le respect, rester humble quoiqu’il arrive.”

Avez-vous d’autres passions dans la vie que le football ?

Y.M. : “Paradoxalement, avant d’être professionnel, je regardais beaucoup de foot. Maintenant, c’est plus rare. J’aime bien voir mes potes, me balader, découvrir des choses. D’ailleurs, beaucoup pensent que je fais la gueule sur un terrain, mais je tiens à dire que c’est ma faciesse qui est comme ça ! Quand on me connaît, on sait que je suis quelqu’un de blagueur et qui peut être drôle aussi.”

Est-ce qu’il y a une passion cachée qu’on ne vous connait pas ?

Y.M. : “En ce moment, je fais beaucoup de vélo électrique autour de Sainté avec des potes. Et je ne pensais jamais en faire ! C’est quelque chose qui me détend, c’est un peu ma nouvelle passion.”

Retournez-vous souvent en Guadeloupe ?

Y.M. : “Dès que j’ai l’occasion, oui. C’est quelque chose d’important pour moi et ça me fait du bien. Je ne sais pas comment l’expliquer. Pourtant, mes parents sont en métropole maintenant mais je retrouve là-bas mon enfance. Je ne fais rien d’extraordinaire mais c’est comme si je prenais un grand bol d’air frais.”

Yvann, pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour cette fin de saison ?

Y.M. : “La montée, ce serait une belle récompense pour nous. En tout cas, c’est un plaisir de jouer avec des gars comme on a dans ce groupe. On ne se prend pas la tête, on rigole ensemble et nous avons cette envie commune de ramener l’ASSE en Ligue 1. Personnellement, je veux montrer que je n’ai pas lâché le club. Saint-Etienne est un club qui compte et comptera toujours pour moi.”

 

Photo : asse.fr

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