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Loïc Vergnaud, trois fois médaillé à Tokyo : “Le sport m’a fait accepter mon handicap”

VERGNAUD Loic (FRA) CCM H5, médaille d'argent. Cyclisme sur piste. 31 août, 2021. Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 Paralympic Games

Il était attendu à Tokyo et a répondu présent. Loïc Vergnaud a rapporté des Jeux Paralympiques trois médailles d’argent en handbike. Une mise en avant de sa discipline et une exposition qui l’ont fait entrer dans une nouvelle dimension.

Comment, après quelques semaines, analysez-vous vos performances lors des Jeux Paralympiques de Tokyo ?

L.V. : “Il y a un an, j’aurais certainement signé pour avoir ces trois médailles d’argent. Si ma deuxième place au contre-la-montre est sans discussion, les deux autres courses ont été plus frustrantes à digérer.”

 

Il y a eu un litige avant la course en ligne ? 

L.V. : “Oui, on m’a demandé à cinq minutes du début de la course de changer ma roue avant. J’avais donc une roue d’entraînement et je pense que ça a pu modifier le destin de ma course. J’ai dû rester sur la réserve dans les montées et je n’ai pas pu donner le maximum”.

 

Que retiendrez-vous des Jeux de Tokyo ?

L.V. : “On va dire qu’avec le COVID c’était un peu spécial. Nous, les cyclistes, étions un peu éloignés des autres. Avec toutes ces restrictions, nous n’avons pas pu profiter à fond. L’ambiance n’était pas vraiment au rendez-vous. Je retiens quand même que les bénévoles japonais nous ont bien entourés. Après, je me remémore forcément ces trois podium”.

 

Trois médailles d’argent aux Jeux, deux places de deuxième en Championnats du Monde, est-ce une année 2021 réussie ?

L.V. : “Oui même si je suis passé à côté des victoires… Mais je reste content parce que j’ai été bien entouré. La Fédération m’a donné les moyens d’être performant. Ces derniers mois, je me suis rapproché des meilleurs. Depuis que j’ai changé ma position sur le vélo, je prends vraiment du plaisir. Je suis également soutenu par la Caisse d’Epargne Drôme Ardèche. C’est très important parce que je peux maintenant vivre de cette passion et ne rien faire à côté. J’ai pu vraiment progresser.”

 

Avez-vous senti votre notoriété changer après les Jeux ?

L.V. : “Je pense que oui. Forcément, les Jeux Paralympiques nous offrent une exposition unique de nos disciplines. Après, le décalage horaire avec le Japon a fait que mes courses tombaient la nuit en France. Nous verrons les effets dans les prochains mois mais c’est sûr que le téléphone a beaucoup sonné depuis le début du mois de septembre. Avec Axel (Bourlon, autre roannais médaillé) nous sommes déjà sollicités pour apparaître sur plusieurs événements.”

 

Comment comptez-vous profiter de cette exposition pour la suite de votre carrière ?

L.V. : “Je pense pouvoir me servir de cette aventure pour faire connaître mon sport déjà. Je vois plus loin avec les Jeux de Paris en 2024. Je pense que j’aurai plus d’expérience pour affronter l’événement. Je sais ce qu’il me reste à faire pour parvenir à décrocher une médaille d’or.” 

 

Quel rôle vos proches ont-ils joué dans votre parcours ? 

L.V. : “Ils ont été très importants pour moi. Ma famille et mes amis me soutiennent au quotidien, ce sont mes premiers supporters. Il y a tous les sacrifices qui ne se voient pas. On ne peut pas partir en vacances comme on veut par exemple. Il y a aussi le sacrifice alimentaire de mes proches qui se plient un peu à mes habitudes et mes besoins. Et puis, à Tokyo, pendant trois semaines, c’était très compliqué de ne pas les avoir auprès de moi.”

 

Quels sont vos objectifs sportifs désormais ?

L.V. : “Il y a forcément une envie de transformer l’argent en or à Paris. Il n’y a pas un gouffre entre les premiers et moi, c’est possible. D’ici la fin de l’année 2021, j’ai encore quelques courses à disputer et des titres à essayer de gagner. Je sais que je serai encore accompagné pour la suite et avec du travail je sais que tout est possible. Je ne me fixe pas de limite. Dans le paracyclisme, il y a des athlètes âgés. J’ai franchi les étapes depuis 10 ans et je n’ai pas envie que ça s’arrête. Je suis en pleine ascension.”

 

On a beaucoup parlé de handbike avec vos performances, comment faire pour que cela dure ?

L.V. : “Nous ne sommes pas dupes, si on veut qu’on parle de nous il faut que l’on gagne. Il y a des difficultés à être reconnu, surtout dans le monde handisport. C’est vrai que pour les Jeux Paralympiques il y a eu des retransmissions télé. Localement, nous avons été beaucoup suivis et on a beaucoup parlé de nous, c’est bien. La visite qu’on a pu avoir à l’Elysée a permis de rassembler les handi et les valides, c’est un premier pas.”

 

Comment réagissent les gens autour de vous maintenant ?

L.V. : “Depuis Tokyo, je trouve que certains ont peut-être changé de vision. Souvent, on ne comprenait pas pourquoi je fais du vélo dans cette position (il active les pédales avec les mains). Je leur réponds tout simplement que je ne peux pas faire du vélo autrement. C’est bête mais on m’a déjà posé la question. C’est difficile de faire changer les mentalités mais avec cette visibilité, certains comprennent mieux.”

 

Est-ce que le sport vous a aidé à surmonter votre handicap ?

L.V. : “Très clairement, oui. Ces Jeux auront le pouvoir peut-être de faire des vocations. On a pu montrer qu’il y a des possibilités même si nous sommes handicapés. Et puis, faire du sport c’est assurer son bien-être ! Pour moi, ça m’a aidé à accepter mon handicap. Le sport aide aussi dans le quotidien, ça donne de la confiance. J’ai toujours été passionné, depuis tout petit et c’est un rêve de gamin de faire une compétition aussi prestigieuse que les Jeux. Après mon accident, j’ai eu une seconde chance et j’ai su la saisir.”

 

Photo : Y. Kellerman pour FFH

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